Pourquoi est-ce si difficile de se faire une opinion a propos des régimes et de l’alimentation ?
S’il y a un débat où il est difficile de se faire une opinion, où les modes se succèdent, où les tenants de chaque nouveau régime ou approche revendiquent tous un fondement scientifique, c’est bien la diététique !
Fig 1 à droite : [img] PHOTO: SCOTT SUCHMAN; STYLING: NICHOLE BRYANT
Quatre Reviews dans la revue Science font le point sur ce qui est plutôt bien établi par un consensus et de nombreuses recherches avec leurs nuances et ce qui ne l’est pas et fait encore débat.
Optimiser le régime pour la santé, la performance, par le jeûne, avec le microbiote…
Ce dossier comprend quatre Review :
- Ludwig, D. S. et al. (2018) nomment leur article : Dietary fat: From foe to friend? (les graisses: ami ou ennemi ?) Jusqu’à récemment les graisses étaient l’ennemi de la santé et d’une silhouette favorable. On a distingué ensuite des types de graisses (saturées, insaturées, Oméga-3, etc.). Certains proposent maintenant de réduire les glucides massivement au profit de lipides, (régime cétogène). Ces scientifiques spécialisés dans divers domaines de la nutrition synthétisent les données existantes afin d’identifier les points sur lesquels un large consensus s’est dégagé et ceux sur lesquels des controverses persistent concernant les macronutriments et les maladies chroniques.
Fig 2: a droite [img]. Source :PHOTO: SCOTT SUCHMAN; STYLING: NICHOLE BRYANT - Francesco, A. D., et al.(2018) font le point sur les effets du jeûne en fonction de sa durée, de son type ( restriction calorique, restriction temporelle de l’alimentation, régimes similaires au jeûne, …) de sa périodicité , du type de personnes et de leur régime.
- Gentile, et al (2018) examinent les effets du régime alimentaire sur le microbiote; Le régime alimentaire est inextricablement lié à l’obésité, le diabète type 2, et les maladies cardio-vasculaires, mais ce que nous mangeons nourrit aussi ces innombrables hôtes de notre tube digestif qui transforment et modifient ce qui sera absorbé. Le microbiote est de plus en plus vu comme un acteur incontournable qui sous-tend uen large part des effets du régime sur la santé et la maladie.
- Burke, L. M., et al. (2018) dissèquent les approches nutritionnelles pour une performance optimale, mettant en évidence la contribution de la science sportive moderne aux médailles d’or et aux titres mondiaux. En dépit d’une croyance durable en un «régime athlétique» unique et supérieur, ils mettent en évidence la diversité des pratiques de nutrition sportive chez les athlètes performants en rapport avec la spécificité des demandes métaboliques de différents sports et du calendrier des objectifs d’entraînement et de compétition. Les controverse et désaccords parmi les experts en nutrition sportive reflètent la diversité des besoins selon les domaines et les différences dans les pratiques des athlètes.
Alors ce sont maintenant les glucides qui sont l’ennemi de la santé et de la ligne, et les lipides les alliés ?
Quelques extraits du review par Ludwig, et al. (2018). Depuis longtemps les conseils diététiques étaient fondés sur le principe que des apports élevés en lipides seraient la cause de l’obésité, du diabète, des maladies cardiaques et peut-être du cancer. Récemment, les preuves des effets néfastes sur le métabolisme des glucides transformés ont suscité un regain d’intérêt pour des régimes à faible teneur en glucides et à haute teneur en matières grasses ou cétogènes – un type de régime alimentaire pauvre en glucides où les lipides fournissent typiquement ≥ 70% de l’énergie. Cependant, certains chercheurs font valoir que la quantité relative de graisses et d’hydrates de carbone alimentaires a peu d’importance pour la santé et que ce qui importe ce sont les sources de graisse ou d’hydrates de carbone qui sont consommées.
Fig 1: Variation de la mortalité associée aux types d’acides gras : un incrément de 2% de trans est associé à une augmentation de la mortalité de 20% [img]. Source :
Consensus et controverses
Points de consensus (extraits) .
1. En mettant l’accent sur la qualité des éléments nutritifs, il est possible de parvenir à une bonne santé et à un faible risque de maladies chroniques pour de nombreuses personnes qui suivent un régime avec un large éventail de ratios glucides-lipides.
2. Le remplacement des graisses saturées par des graisses insaturées d’origine naturelle est bénéfique pour la santé de la population en général. Les gras trans d’origine industrielle sont nocifs et devraient être éliminés. Le métabolisme des graisses saturées peut varier selon le régime alimentaire pauvre en glucides, une question qui nécessite encore des recherches.
3. Le remplacement des glucides hautement transformés (y compris les céréales raffinées, les produits à base de pommes de terre et les sucres libres) par des glucides non transformés (légumes sans légumineuses, fruits entiers, légumineuses et céréales complètes ou peu transformées) est bénéfique pour la santé.
4. Les facteurs biologiques semblent influer sur les réponses aux régimes alimentaires de différentes compositions en macronutriments. Les personnes ayant une sensibilité à l’insuline et une fonction des cellules β relativement normales peuvent bien se nourrir avec des régimes comportant un large éventail de ratios glucides-lipides; ceux qui ont une résistance à l’insuline, une hypersécrétion d’insuline ou une intolérance au glucose peuvent bénéficier d’un régime alimentaire pauvre en glucides et en gras.
5. Un régime cétogène peut conférer des avantages métaboliques particuliers à certaines personnes présentant un métabolisme anormal des glucides, cela devrait être confirmé par une étude à long terme.
6. Des régimes bien composés, faibles en glucides et riches en graisses, ne nécessitent pas de fortes consommations de protéines ou de produits d’origine animale. Il est possible de réduire la consommation de glucides en remplaçant les céréales, les féculents et les sucres par des huiles végétales non hydrogénées, des noix, des graines, des avocats et d’autres produits végétaux riches en graisses.
Et le microbiote ?
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Introduction to special issue
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Optimizing the dietBy L. Bryan Ray Science16 Nov 2018 : 762-763 Full Text
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Reviews
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Dietary fat: From foe to friend? By David S. Ludwig, Walter C. Willett, Jeff S. Volek, Marian L. Neuhouser Science16 Nov 2018 : 764-770 Full Text | PDF
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A time to fast By Andrea Di Francesco, Clara Di Germanio, Michel Bernier, Rafael de Cabo Science16 Nov 2018 : 770-775 Abstract | Full Text| PDF
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The gut microbiota at the intersection of diet and human health By Christopher L. Gentile, Tiffany L. Weir Science16 Nov 2018 : 776-780 Full Text PDF
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Swifter, higher, stronger: What’s on the menu? By Louise M. Burke, John A. Hawley Science16 Nov 2018 : 781-787 Full Text
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Références:
- Burke, L. M., & Hawley, J. A. (2018). Swifter, higher, stronger: What’s on the menu? Science, 362(6416), 781‑787. https://doi.org/10.1126/science.aau2093
- Francesco, A. D., Germanio, C. D., Bernier, M., & Cabo, R. de. (2018). A time to fast. Science, 362(6416), 770‑775. https://doi.org/10.1126/science.aau2095
- Gentile, C. L., & Weir, T. L. (2018). The gut microbiota at the intersection of diet and human health. Science, 362(6416), 776‑780. https://doi.org/10.1126/science.aau5812
- Ludwig, D. S., Willett, W. C., Volek, J. S., & Neuhouser, M. L. (2018). Dietary fat: From foe to friend? Science, 362(6416), 764‑770. https://doi.org/10.1126/science.aau2096
- Ray, L. B. (2018). Optimizing the diet. Science, 362(6416), 762‑763. https://doi.org/10.1126/science.aav9415