Journées de microbiologie 17-19 septembre

Les microbes dominent le monde… mieux vaut les comprendre pour les gérer !

L’actualité dramatique (Ebola…) met en évidence la force des mécanismes de l’évolution et le succès des « microbes » qui d’une certaine manière dominent le monde : C’est le titre d’un ouvrage « How Microbes Rule the World » de B. Dixon.
D’un autre coté le terme à la mode  « microbiome » et « microbiote » pour l’ensemble  des communautés de bactéries qui nous peuplent apparait dans de nombreux articles qui présentent leur effet sur diverses maladies, de l’obésité au diabète en passant par l’autisme et le cancer.
Selon Hanage, W. P. (2014) ces recherches – rendues possibles par le séquençage à large échelle –  sont dans la phase excès d’enthousiasme classique :  Microbiome science needs a healthy dose of scepticism. ici. (Les membres Expériment@l peuvent obtenir ces articles…)
Et peut-être que nos élèves ont besoin qu’on les aide à mettre en perspective certains articles ou émissions excellents – pour dépasser le sensationnalisme et construire des connaissances scientifiques.

  • Microbiote : ces bactéries qui nous gouvernent Emission 36.9° TSR   « Les scientifiques viennent de découvrir un nouvel organe. Un organe non pas composé de cellules humaines, mais de bactéries. Une découverte qui bouleverse la perception que l’on avait du corps humain et ouvre la porte à la compréhension de maladies à priori aussi éloignées l’une de l’autre que l’obésité et l’autisme. « 

L’enthousiasme « accroche » les élèves, ensuite on peut faire de la science pour comprendre !

Avec des termes comme « révolution » « bouleverse » « ouvre la porte » on impressionne, on fascine. C’est le rôle des médias probablement. Et cela attire l’attention sur la science. C’est une première étape…
Mais retrouver derrière ces superlatifs la science, le scepticisme, l’esprit critique qui permet de prendre la mesure de ces nouveaux résultats est plutôt le rôle des enseignants de science :  » comment ont-ils établi ce résultat ? » Quelle solidité, quelle portée ont ces conclusions « …  Hanage, W. P. (2014) ici propose de se poser les questions suivantes : (elles ressemblent bien à celles discutées dans expériment@l : Les oreilles grandissent toute la vie ?)

  • Does the study show causation or just correlation? S’agit-il de causalité ou simple corrélation.
    On a trouvé une  corrélation entre le  microbiote de personnes âgées et leur « frailty » faiblesse. Certains ont présenté le microbiote comme la cause … mais est-ce plutôt la faiblesse qui modifie le microbiote ?
  • What is the mechanism? Quel est le mécanisme ?
    Des expériences classiques sont nécessaires pour mettre en évidence le mécanisme de cette causalité éventuelle.
  • How much do experiments reflect reality? Pertinence à la réalité.
    Ce qui se passe en labo, sur des souris pratiquement sans bactéries est-il pertinent pour l’humain ?
  • Could anything else explain the results? Ecarter les autres explications possibles.
    Parfois c’est l’effet combiné du microbiote et d’un régime particulier qui est en cause. D’autres causes peuvent-elles contribuer à expliquer ces résultats ?

« The hype surrounding microbiome research is dangerous, for individuals who might make ill-informed decisions, and for the scientific enterprise, which needs to develop better experimental methods to generate hypotheses and evaluate conclusions. Funding agencies must not let their priorities be distorted by the buzz around the field, but look dispassionately at the data. Press officers must stop exaggerating results, and journalists must stop swallowing them whole. In pre-scientific times when something happened that people did not understand, they blamed it on spirits. We must resist the urge to transform our microbial passengers into modern-day phantoms. « Hanage, W. P. (2014)ici (Les membres Expériment@l peuvent obtenir ces articles…)

Bandeaumicrobio2014

Pour se tenir au courant et remettre en perspective

Les approches classiques sont d’autant plus nécessaires. Les  Journées de microbiologie 17-19 septembre traite le thème des maladies nouvelles ou lointaines qui viennent frapper à nos  portes.
Elles sont une magnifique opportunité de rencontrer des spécialistes de l’université de Genève à la pointe dans ce domaine.
Comme chaque année ces journées de la microbiologie offrent l’occasion a un large public – les élèves et les classes y sont bienvenus – des activités et des conférences.
Faites-vous aussi plaisir d’y gouter la saveur des savoirs…

Virus sans frontières

Certaines maladies infectieuses, éradiquées ou inexistantes dans nos régions, frappent parfois à notre porte. Plusieurs raisons majeures à cela: la biologie de ces agents qui s’adaptent et évoluent, mais aussi les changements environnementaux et climatiques qui influencent
la distribution géographique des vecteurs de microbes. D’autres raisons peuvent expliquer ce phénomène, comme la globalisation et le développement des moyens de transport
qui permettent aux individus de parcourir de très grandes distances en quelques heures seulement. Tandis qu’autrefois les personnes infectées lors de leur voyage tombaient malades durant leur périple, aujourd’hui certaines maladies ne se manifestent qu’au retour. Au vu de ces bouleversements, la recherche en microbiologie doit rester très active et permettre une compréhension toujours plus grande du développement des maladies infectieuses.

A travers deux conférences sur les virus et les parasites d’aujourd’hui et de demain, cette 7e édition des Journées de microbiologie nous invite à poser un regard nouveau sur ces maladies dites «lointaines» qui pourraient nous concerner autant que celles de nos contrées.

CONFÉRENCES GRAND PUBLIC 18h30 | Auditoire A250 | suivies d’un apéritif

Mercredi 17 septembre : PARASITES, HÔTES ET MÉNAGE À TROIS

Professeur Nicolas Fasel

Directeur du Département de biochimie, Faculté de biologie et médecine, Université de Lausanne

Depuis quelques années, certaines infections dues à des parasites sont en recrudescence, principalement à cause de l’apparition de résistances aux traitements, de co-infections, du réchauffement climatique et des migrations de populations dans des régions endémiques. Parmi ces parasitoses, on peut observer un spectre de pathologies qui ne sont pas explicables par la simple présence d’un parasite. La virulence de l’agent infectieux
et la réponse de l’hôte sont des facteurs importants pour le contrôle de l’infection.

A ces deux facteurs peuvent s’ajouter de nouveaux paramètres: des associations de malfaiteurs, telles que des parasites infectés par des virus. Ces alliances sont intéressantes, non seulement au niveau de l’évolution et de la diversité virale, mais aussi pour en déterminer les approches thérapeutiques.

Jeudi 18 septembre : ÉMERGENCE DE NOUVEAUX VIRUS: FAUT-IL EN AVOIR PEUR?

Professeur Laurent Kaiser

Département de médecine interne des spécialités, Faculté de médecine, Université de Genève Médecin-chef du Service des maladies infectieuses, HUG

Des virus dit émergents font régulièrement la une des médias. En 2009, la grippe porcine fait son apparition au Mexique et sa propagation est si rapide que, quelques mois après, l’OMS déclare l’état de pandémie. En 2012, c’est le coronavirus qui fait parler de lui au Moyen-Orient. En 2014, le virus Chikungunya s’étend en Amérique centrale, tandis qu’Ebola fait des ravages en Afrique et la Dengue en Asie et ailleurs. Les exemples sont nombreux et ces nouveaux virus sont souvent décrits comme dangereux et incontrôlables. Représentent-ils une véritable menace? Faut-il craindre des virus qui voyageraient en quelques jours d’un continent à l’autre?

Cette conférence propose de décrire les bases biologiques et scientifiques pouvant mener à l’apparition de ces nouveaux virus, vecteurs potentiels d’épidémies humaines.

Sources :

  • Dixon, B. (1994) Power Unseen: How Microbes Rule the World, Freeman.
  • Cheng, P. M. (1994). Power Unseen: How Microbes Rule the World. The Yale Journal of Biology and Medicine, 67(1-2), 54‑55.
  • Hanage, W. P. (2014). Microbiology: Microbiome science needs a healthy dose of scepticism. Nature, 512(7514), 247‑248. doi:10.1038/512247a (Les membres Expériment@l peuvent obtenir ces articles…)
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