La semaine du cerveau (11-15 mars): de magnifiques conférences où les neurosciences nous aident à comprendre les interactions sociales, la gestion des conflits, la perception des autres, la coopération…
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La vie en société vue par les neurosciences
Du 11 au 15 mars, la Semaine du cerveau se penchera sur les mécanismes cérébraux de la sociabilité, des interactions sociales empathiques aux conflits, en passant par les dilemmes moraux. Les êtres humains sont caractérisés par l’importance de leurs interactions sociales, tant positives que négatives. La vie en communauté est un élément central dans la construction de nos capacités mentales, c’est pourquoi, pour la 22ème édition de la Semaine du cerveau, le Neurocenter de l’Université de Genève (UNIGE) organise cinq soirées de conférences publiques et gratuites autour du thème «Vivre ensemble», du 11 au 15 mars 2019. Qu’est-ce qui nous motive à interagir avec les autres? Comment imagine-t-on les états mentaux d’autrui? Comment gérer les conflits ? Pourquoi les humains sont-ils si coopératifs? Enfin, comment le cinéma trait-t-il les dilemmes moraux? Chaque jour de la semaine à 19h à Uni Dufour (Auditoire Piaget, U600), des chercheurs de l’UNIGE, des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et de l’Université de Neuchâtel (UNINE) se succèderont afin de permettre au grand public de découvrir les différents facettes de la vie en société à travers les méandres de notre cerveau.
L’autisme face aux interactions sociales
La journée inaugurale de la Semaine du cerveau, le lundi 11 mars, fera la part belle à la motivation sociale. Camilla Bellone (UNIGE) et Marie Schaer (HUG) se pencheront plus précisément sur les mécanismes biologiques qui nous poussent à apprécier les interactions sociales et montreront comment cet intérêt peut être différent chez les personnes autistes. En se basant sur les recherches les plus récentes en la matière, elles démontreront comment ce manque d’attention pour les interactions sociales permet de mieux comprendre le développement et l’émergence des symptômes de ces jeunes enfants autistes, et décrypteront comment l’interaction sociale est codée dans le cerveau. Finalement, elles discuteront des implications de ces découvertes pour mieux définir des stratégies d’intervention thérapeutique.
- Bariselli, S., Hornberg, H., Prevost-Solie, C., Musardo, S., Hatstatt-Burkle, L., Scheiffele, P., & Bellone, C. (2018). Neuronal signature of social novelty exploration in the VTA: implication for Autism Spectrum Disorder. BioRxiv, 280537. https://doi.org/10.1101/280537
- Bariselli, S., Hörnberg, H., Prévost-Solié, C., Musardo, S., Hatstatt-Burklé, L., Scheiffele, P., & Bellone, C. (2018). Role of VTA dopamine neurons and neuroligin 3 in sociability traits related to nonfamiliar conspecific interaction. Nature Communications, 9(1), 3173. https://doi.org/10.1038/s41467-018-05382-3
Mentaliser : la rencontre des cerveaux
La soirée du mardi 12 mars se déroulera en deux temps. Martin Debbané (UNIGE) montrera comment notre capacité à comprendre les états mentaux d’autrui se développe au cours de la vie, des premiers liens d’attachement aux relations significatives à l’âge adulte. Puis, Nader Perroud (HUG) présentera les études mettant au centre les dysfonctionnements des réseaux cérébraux soutenant la capacité à mentaliser, en particulier leurs effets sur la régulation émotionnelle, les difficultés interpersonnelles et l’impulsivité. Il conclura sur les pistes neuroscientifiques actuellement explorées dans les champs de la psychiatrie et de la psychologie clinique.
- Debbané, M. (2018). Mentaliser: De la théorie à la pratique clinique. De Boeck Supérieur.
- Prada, P., Cole, P., Bondolfi, G., Perroud, N., & Debbané, M. (2017). Mentaliser en psychiatrie de liaison ? Revue Médicale Suisse, 13, 363‑366.
L’amour de la discorde
En milieu de semaine, place à la discorde ! Olga Klimecki (UNIGE) s’intéressera plus particulièrement aux disputes de couples et démontrera l’impact positif du médiateur dans la gestion des conflits. Nicolas Favez (UNIGE), quant à lui, décortiquera les erreurs de communication des couples en colère et comment ceux-ci s’enferment dans un cercle vicieux durable. Il exposera des programmes thérapeutiques permettant de remplacer ses erreurs par des modes de communication qui permettent la gestion des tensions.
- Singer, T., & Klimecki, O. M. (2014). Empathy and compassion. Current Biology, 24(18), R875‑R878. https://doi.org/10.1016/j.cub.2014.06.054
- Favez, N. (2013). Les approches thérapeutiques du couple. In L’examen clinique du couple (p. 41‑47). Wavre: Mardaga. Consulté à l’adresse https://www.cairn.info/examen-clinique-du-couple–9782804701680-page-41.htm
Coopération et collaboration
Jeudi 14 mars, le chercheur neuchâtelois Klaus Zuberbuehler présentera une conférence sur l’évolution de la coopération humaine. Il définira la coopération comme une stratégie adaptive survenant lorsque les individus dépendent les uns des autres pour survivre et exposera les différences qui existent entre les grands singes et les hommes dans ce contexte. Puis, Gaelle Molinari de l’UNIGE s’intéressera aux nouvelles technologies d’apprentissage dans des lieux physiques et virtuels, seul ou en communauté. Elle illustrera cette conception de « l’apprendre aujourd’hui » par le biais de ses travaux sur les émotions dans l’apprentissage collaboratif médiatisé par ordinateur.
- Molinari, G., Avry, S., & Chanel, G. (2017). Les émotions dans les situations de collaboration et d’apprentissage collaboratif médiatisées par ordinateur. Raisons educatives, N° 21(1), 175‑190. pdf
- Cooperative breeding and the evolution of vocal flexibility – Oxford Handbooks. (s. d.). Consulté 7 mars 2019, à l’adresse http://www.oxfordhandbooks.com/abstract/10.1093/oxfordhb/9780199541119.001.0001/oxfordhb-9780199541119-e-5
- Eckardt, W., & Zuberbühler, K. (2004). Cooperation and competition in two forest monkeys. Behavioral Ecology, 15(3), 400‑411. https://doi.org/10.1093/beheco/arh032
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Zuberbühler, K., & Byrne, R. W. (2006). Social cognition. Current Biology, 16(18), R786‑R790.
Le choix moral : du cinéma à la réalité
Cette semaine du cerveau se clôturera vendredi 15 mars par des extraits de films sur le choix moral et ce qu’il révèle de la psychologie humaine, commentés et discutés par Florian Cova et Patrizia Lombardo de l’UNIGE. Tout un chacun se retrouve confronté à des dilemmes moraux qui montrent que la distinction entre le bien et le mal n’est pas toujours claire et que nos règles morales ordinaires ne sont pas aussi cohérentes et évidentes que nous le souhaiterions. Parce que ces dilemmes permettent de faire ressortir les contradictions de chaque individu et de montrer que l’éthique ne se réduit pas à une formule logique ou mathématique, ils n’ont pas manqué d’attirer l’attention des cinéastes.
- Cova, F., & Teroni, F. (2016). Is the paradox of fiction soluble in psychology? Philosophical Psychology, 29(6), 930‑942. https://doi.org/10.1080/09515089.2016.1164306
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Cova, F., & Deonna, J. A. (2014). Being moved. Philosophical Studies, 169(3), 447‑466. https://doi.org/10.1007/s11098-013-0192-9
- The Impact of Fiction on Evaluative Attitudes – Département de Philosophie – UNIGE. (s. d.). Consulté 7 mars 2019, à l’adresse https://www.unige.ch/lettres/philo/recherche/research-groups/thumos/projects/impact-fiction-evaluative-attitudes/
Consultez le programme complet sur www.semaineducerveau.ch.