Une autre ligne de défense contre les pathogènes : une réaction neuro-immune, à la fois comportementale et cellulaire s’active dès qu’une limite entre soi et autrui malade est franchie.
Qui n’a pas pu se retenir de se gratter après avoir vu une personne qui semblait couvert de puces ?
Qui s’est senti malade d’avoir vu une personne qui tousse, se mouche,
Alors que certains voient le corps et l’esprit comme des entités distinctes (on parle de dualisme) – et qualifient certaines maladies de « seulement psychologiques » et opposé aux effets physiologiques exemple D’autres (monistes) voient l’esprit comme l’effet des fonctionnements de l’organisme, notamment du cerveau.
Cette recherche montre bien que le fonctinnement effectif de l’organisme dépasse la frontière entre l’esprit qui voit virtuellement une personne malade et le corps ( les cellules et molécules du système immunitaire). Ce peut-être une intéressante entrée en matière pour le système nerveux ou immunitaire.
JTS propose aussi des pistes pour approfondir avec des élèves intéressés ou pour des TM cf. tout en bas.
JTS vous propose le communiqué de presse de l’UNIGE, une analyse de l’abstract et une figure de la publication pour donner envie d’approfondir dans l’article d’origine : Trabanelli, …& Serino, 2025)ici
Puis l’interview d’une chercheuse de l’étude dans CQFD, puis les « bulles » dans les interactions sociales de E.T. Hall qui semblent correspondre à la PPS, et plus bas des pistes pour aller plus loin en classe
Des scientifiques du CHUV et de l’UNIGE démontrent qu’il est possible d’activer le système immunitaire par le biais de la réalité virtuelle.
La simple exposition à un avatar malade dans un environnement de réalité virtuelle suffit à déclencher une réponse immunitaire mesurable chez l’humain. C’est ce que démontre une équipe multidisciplinaire de recherche du CHUV et de l’Université de Genève (UNIGE). Ces résultats, publiés dans Nature Neuroscience, ouvrent des pistes prometteuses pour mieux comprendre l’influence du cerveau sur la défense immunitaire, offrant de nouvelles perspectives pour la recherche sur les effets placebo, les troubles psychosomatiques ou encore la modulation de la réponse immunitaire.
Confronté sur un écran à une menace d’infection purement virtuelle, le cerveau de l’individu sain déclenche une réponse immunitaire similaire à celle d’une personne réellement infectée.
La recherche montre que la simple exposition à un avatar malade dans un environnement de réalité virtuelle suffit à déclencher une réponse immunitaire mesurable chez l’humain.
Cette recherche, menée par la Dre Sara Trabanelli (UNIGE) et le Dr Michel Akselrod (CHUV-UNIL), a été publiée dans Nature Neuroscience. Elle révèle un dialogue jusqu’ici inconnu entre cerveau et système immunitaire: une réponse défensive initiée non pas par un pathogène réel, mais par la seule anticipation cérébrale d’une menace infectieuse. Une nouvelle voie de communication cerveau-immunité
Ainsi, il est possible de stimuler le cerveau de manière virtuelle pour qu’il envoie des signaux au système immunitaire et lui demande de se mobiliser pour se défendre face à un agent pathogène.
Différentes expériences ont été menées par le CHUV et l’UNIGE sur environ 250 participant-e-s. Ces dernier-e-s ont été confronté-e-s en réalité virtuelle à des avatars humains, dont certains présentaient des signes visuels d’infection, d’autres avaient un visage neutre ou effrayé. Durant 15 minutes, le sujet a observé sur un écran un visage d’une personne qui s’approche et présente les signes d’une infection classique comme la varicelle, par exemple. Sa réaction a été monitoré par plusieurs biais dont l’électroencéphalogramme, l’IRM et l’analyse sanguine. Résultat: l’approche d’un avatar infecté dans la réalité virtuelle suffit à activer des régions cérébrales liées à la détection de menace et à la régulation de l’immunité. Plus étonnant encore: des marqueurs immunitaires typiques d’une réponse à une infection réelle étaient bel et bien présents dans le sang des participant-e-s. Le cerveau anticipe le danger infectieux
Pour comparer cette réponse à celle d’une véritable activation immunitaire, un autre groupe de participant-e-s a reçu un vaccin. Les réponses immunitaires observées dans les deux cas — exposition virtuelle ou vaccination — ont montré des similitudes étonnantes. Il ressort par exemple, en comparant un sujet vacciné contre la grippe et un sujet exposé à la réalité virtuelle, que plusieurs biomarqueurs de la réponse immunitaire mesurables dans le sang sont comparables dans l’infection réelle et virtuelle.
Cette étude révèle donc une capacité du cerveau à anticiper un danger infectieux et à engager l’organisme dans une réponse défensive, avant même qu’un agent pathogène réel n’intervienne. Elle ouvre la voie à une compréhension renouvelée des interactions entre le système nerveux central et le système immunitaire. Pistes thérapeutiques prometteuses
Ces découvertes ouvrent des pistes prometteuses pour mieux comprendre l’influence du cerveau sur la défense immunitaire, offrant de nouvelles perspectives pour la recherche sur les effets placebo, les troubles psychosomatiques ou encore la modulation de la réponse immunitaire. À terme, la réalité virtuelle pourrait même devenir un outil thérapeutique pour renforcer ou inhiber certaines réponses immunitaires, soutenir l’efficacité des vaccins ou aider à désensibiliser les personnes allergiques
encourage le lecteur à aller vérifier dans l’article d’origine : Trabanelli, …& Serino, 2025)ici
Abstract
Once contact with a pathogen has occurred, it might be too late for the immune system to react. Here, we asked whether anticipatory neural responses might sense potential infections and signal to the immune system, priming it for a response. We show that potential contact with approaching infectious avatars, entering the peripersonal space in virtual reality, are anticipated by multisensory–motor areas and activate the salience network, as measured with psychophysics, electroencephalography and functional magnetic resonance imaging. This proactive neural anticipation instigates changes in both the frequency and activation of innate lymphoid cells, mirroring responses seen in actual infections. Alterations in connectivity patterns between infection-sensing brain regions and the hypothalamus, along with modulation of neural mediators, connect these effects to the hypothalamic–pituitary–adrenal axis. Neural network modeling recapitulates this neuro–immune cross-talk. These findings suggest an integrated neuro–immune reaction in humans toward infection threats, not solely following physical contact but already after breaching the functional boundary of body–environment interaction represented by the peripersonal space.
L’abstract décortiqué et traduit
La rationale : en quelques mots pourquoi il est important de faire cette recherche Quand le contact avec un agent pathogène est établi, il est parfois trop tard pour que le système immunitaire réagisse efficacement.
La question qu’ils examinent
Les chercheurs ont donc étudié si le cerveau pouvait anticiper une menace d’infection et préparer l’organisme à se défendre.
Les méthodes utilisées pour y répondre
En utilisant la réalité virtuelle, ils ont examiné – par des mesures électroencéphalographiques et d’IRM fonctionnelle – si l’approche d’« avatars infectieux » dans l’espace proche du corps (espace péripersonnel) active des zones cérébrales impliquées dans l’attention et l’alerte (le salience network).
Les résultats en résumé Cette activation entraîne des changements mesurables dans les cellules immunitaires, comparables à ceux observés lors d’infections réelles. L’analyse des mesures indique aussi une communication directe entre ces régions cérébrales et l’hypothalamus, via l’axe hypothalamus hypophyse surrénales, qui module la réponse immunitaire.
L’interprétation et les implications
Ces résultats suggèrent l’existence d’une réaction intégrée neuro–immune chez l’humain face aux menaces infectieuses, déclenchée non pas uniquement après le contact physique, mais dès la transgression de la frontière fonctionnelle entre le corps et l’environnement représentée par l’espace péripersonnel.
En clair, le cerveau ne réagit pas seulement après une infection, mais peut enclencher une réponse immunitaire dès la perception d’une menace potentielle dans l’espace environnant du corps
Pathogens represent special forms of threats that must be detected and avoided. Through evolution, social species developed a series of behavioral responses, such as social distancing, aimed at preventing contacts and thus infections that have been termed the ‘behavioral immune system’. In primates, a mechanism that might be functional to predict contact with potential harm has been described within a network of fronto–parietal neurons, which integrate tactile stimuli on the body with external sensory information close to the body, that is, the peripersonal space (PPS) system
Les réponses comportementales et physiologiques aux pathogènes sont-elles vraiment distinctes ?Selon les auteurs (traduite et original ci-contre)
Les agents pathogènes représentent des menaces particulières qu’il faut détecter et éviter. Au cours de l’évolution, les espèces sociales ont développé toute une série de réponses comportementales — comme la mise à distance sociale — pour limiter les contacts et réduire ainsi le risque d’infection. Ce dispositif est parfois appelé le « système immunitaire comportemental ».Chez les primates, un mécanisme permettant d’anticiper un contact potentiellement nocif a été identifié dans un réseau de neurones fronto–pariétaux. Ce système intègre les stimulations tactiles perçues sur le corps avec les informations sensorielles venant de l’environnement immédiat, autrement dit dans l’espace péripersonnel (PPS). encourage le lecteur à aller vérifier dans l’article d’origine : ici
Comment étaient crées ces avatars « infectieux » et pourquoi des avatars ?
« Pour étudier les réactions face à une menace d’infection, les chercheurs ont créé des avatars virtuels présentant des signes visibles de maladie, et les ont comparés à deux conditions de contrôle : des avatars neutres et des avatars « effrayants » mais non infectieux (un stimulus menaçant et émotionnellement marquant, mais non pathogène ; ). Les résultats, basés sur des évaluations explicites, une échelle de distance d’assise et un test d’association implicite, montrent que les avatars « infectieux » étaient perçus comme malades et contagieux, et suscitaient des réactions d’évitement implicite plus marquées que les autres.
Pourquoi un avatar et non un acteur ( patient simulé) ?
L’article ne le dit pas mais JTS suppose que les avatars sont plus standardisés (mêmes visages, même mouvements) et ne peuvent manifestement pas transmettre de réels pathogènes ni d’autres indices (olfactifs, ?) encourage le lecteur à aller vérifier dans l’article d’origine : ici
Remerciements
Dre Sara Trabanelli pour sa relecture et validation de ce texte
Quand la réalité virtuelle stimule notre système immunitaire
La RTS présente cette recherche ainsi « Et si un simple casque de réalité virtuelle suffisait à activer nos défenses immunitaires? […] des chercheurs ont montré que voir un personnage « malade » de trop près à travers la VR déclenche une réponse immunitaire comparable à celle dʹun vaccin.
Ces travaux, (Trabanelli, …& Serino, 2025)ici publiés dans la revue Nature Neuroscience, ouvrent de nouvelles pistes pour les allergies et la vaccination.
RTS audio-podcast d’ Andrea Serino, directeur du MySpace Lab au CHUV
Les distances interpersonnelles : des bulles en fonction de la situation sociale
L’étendue du peripersonal space (PPS) discuté dans la recherche de Trabanelli & al. (2025) (~90 cm) ici évoque la zone intime des distances sociales de E.T. Hall (1971): il découpe l’espace autour de soi en 4 « bulles » correspondant à chaque type d’interaction interpersonelle ou sociale : distance intime, distance personnelle, distance sociale, distance publique (intranet.pdf).
Hall décompose l’espace autour de soi en 4 zones.
D’autres recherches mesurant les effets du mental sur la santé
Une chirurgie avec trépanation : le placebo a ~autant d’effet que la chirurgie effective ( et les deux additionnés encore plus !)
La chirugie placebo peut être efficace Science et Vie : Intranet.jpg