Établir la proportion d’enfants qui ne sont pas du père supposé
La question de la paternité des enfants a toujours été délicate – entre autres parce qu’elle est plus difficile à établir que la maternité. En anglais un dicton ironise : « mother’s baby, fathers’ maybe ». Faute de données solides, le chiffre de 10 % pour le nombre d’enfants qui ne seraient pas du père supposé a beaucoup circulé.
Une news de Science (Curry, A., 2025) (ici et traduction en pj)) retrace ce chiffre à des estimations des années 90. encourage le lecteur à aller vérifier dans la news d’origine : ici
Par un des ces hasards qui fleurissent le parcours de la science, en cherchant à authentifier des cheveux de Ludwig van Beethoven avec des techniques génétiques modernes, Maarten Larmuseau a étudié la la filiation masculine de la famille et trouvé que Ludwig n’était pas fils du père supposé. (Peltzer, et al., 2023)(ici)
Larmuseau et al. (2019) (ici) ont développé une méthode, combinant l’analyse des archives généalogiques et les tests ADN sur des individus vivants. Cette approche permet de détecter des cas de paternité inattendue ou mal attribuée, jusqu’à plusieurs siècles en arrière. Il a aussi entrepris une étude à large échelle pour vérifier ce qu’il nomme le taux de paternité extra-paire (EPP) – sans prendre en compte les adoptions connues, les FIV, etc. – dans différentes populations. D’après (Curry, A., 2025) encourage le lecteur à aller vérifier dans la news d’origine : ici
Comment on établit que ce Chromosome Y est le même que celui-là ?
Curry, (2025) présente le principe de ces techniques, basées sur la filiation direct du chromosome y ( il passe forcément et sans choix de père en fils et donc devrait être le même chez tous les descendants mâles).
Fig 1: ci-contre [img]. Source :(Curry, A., 2025) (ici)
En recherchant dans les Chromosomes Y séquencés les séquences identiques (IBD) ( voir JTS Comment on analyse l’ADN pour établir une généalogie ou un degré de filiation) C’est ainsi que Maarten Larmuseaua pu établir qu’il y avait eu un cas d’EPP chez les parents de Ludwig ou peu avant. D’après (Curry, A., 2025) encourage le lecteur à aller vérifier dans l’article d’origine (Peltzer, et al., 2023)(ici)
Les découvertes de Larmuseau suggèrent que, malgré les tabous et scandales que peuvent provoquer de tels cas, la paternité hors couple est en réalité assez rare. En effet sur les 500 dernières années, Larmuseau a déterminé que ce taux en Europe est en réalité plutôt 1,5 %. que ce 10%. Et seules quelques cultures assez particulières ont des EPP très différents (il mentionne 48% chez les Himba de Namibie). (Larmuseau,et al., 2013).ici encourage le lecteur à aller vérifier dans la news d’origine : ici
En fin de compte, ses recherches permettent d’apporter un message clair : « on peut arrêter de paniquer, ce n’est pas le problème que l’on imagine. » encourage le lecteur à aller vérifier dans la news d’origine : ici
Pourquoi cette question fascine-t-elle tant ?
Curry (2025) évoque divers mécanismes qui pourraient expliquer l’importance accordée à ces EPP. Notamment l’asymétrie de l’investissement parental . « Certains biologistes évolutionnistes ont suggéré que c’est une fonction du fonctionnement de la paternité humaine. Les pères humains investissent de manière exceptionnellement importante dans l’éducation de leurs enfants. En conséquence, l’argument selon lequel les hommes ont évolué pour être particulièrement méfiants envers les enfants nés d’un autre père. » encourage le lecteur à aller vérifier dans la news d’origine : ici
Voir aussi le cours de prof Maurer à l’UniGE (ici rechercher investissement parental ).
Implications légales
« Ces découvertes ne sont pas seulement d’un intérêt historique. Les identifications médico-légales des victimes d’accidents d’avion ou de catastrophes s’appuient parfois sur la comparaison de l’ADN avec celui de parents vivants. La recherche sur les maladies rares, le conseil génétique et même les antécédents médicaux familiaux standard dépendent d’une généalogie précise pour cartographier les conditions héréditaires, un exercice qui serait presque dénué de sens si le taux d’EPP était de 30 %, voire de 10 %.
Que ce taux soit considérablement plus bas dans la plupart des cultures est une bonne nouvelle pour ces efforts. D’après (Curry, A., 2025) encourage le lecteur à aller vérifier dans la news d’origine : ici
Confirmation par l’ADN mitochondrial
Y, Larmuseau et son équipe ont alors collecté des échantillons d’ADN de femmes éloignées qui devaient avoir des ancêtres maternels communs pour voir si les généalogies légales correspondaient à la lignée biologique. Après avoir vérifié et re-vérifié les arbres généalogiques maternels de centaines de personnes contre leur ADN mitochondrial, il n’a trouvé aucune surprise. « Cela me donne confiance que les résultats d’EPP que j’ai trouvés sur les pères sont corrects », dit-il.
D’après (Curry, A., 2025) encourage le lecteur à aller vérifier dans la news d’origine : ici
Il faut réfléchir avant de faire un test de paternité …
Cependant, Larmuseau souligne qu’un taux d’EPP de 1 % représente tout de même un grand nombre de personnes. À l’échelle mondiale, environ 30 millions de personnes ont effectué des tests ADN directs aux consommateurs, ce qui signifie qu’environ 300 000 personnes ont peut-être été profondément troublées d’apprendre que leur père biologique n’est pas celui qu’elles attendaient. Ces révélations surviennent souvent sans préparation ni accompagnement, ce que Larmuseau et d’autres estiment être psychologiquement traumatisant.
C’est en partie la raison pour laquelle Larmuseau ne teste pas les frères et sœurs, ni les personnes ayant des parents, grands-parents ou arrière-grands-parents communs, car les conséquences de découvrir un secret familial douloureux dans un passé récent sont trop élevées. Et il offre des séances de conseil aux personnes bouleversées par des découvertes datant d’un siècle ou plus. »D’après (Curry, A., 2025) encourage le lecteur à aller vérifier dans la news d’origine : ici
Les centres de génétique encouragent aussi à la prudence Voir p. ex la brochure de la consultation génomique des HUG
(Les membres Jump-To-Science peuvent obtenir ces articles…).
Références:
- Curry, A. (2025). How often are children genetically unrelated to their presumed fathers? Science. https://doi.org/10.1126/science.zp5x60z
- Begg, T. J. A., Schmidt, A., Kocher, A., Larmuseau, M. H. D., Runfeldt, G., Maier, P. A., Wilson, J. D., Barquera, R., Maj, C., Szolek, A., Sager, M., Clayton, S., Peltzer, A., Hui, R., Ronge, J., Reiter, E., Freund, C., Burri, M., Aron, F., … Krause, J. (2023). Genomic analyses of hair from Ludwig van Beethoven. Current Biology, 33(8), 1431-1447.e22. https://doi.org/10.1016/j.cub.2023.02.041
- Larmuseau, M. H. D., Vanoverbeke, J., Van Geystelen, A., Defraene, G., Vanderheyden, N., Matthys, K., Wenseleers, T., & Decorte, R. (2013). Low historical rates of cuckoldry in a Western European human population traced by Y-chromosome and genealogical data. Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences, 280(1772), 20132400. https://doi.org/10.1098/rspb.2013.2400
- Larmuseau, M. H. D., van den Berg, P., Claerhout, S., Calafell, F., Boattini, A., Gruyters, L., Vandenbosch, M., Nivelle, K., Decorte, R., & Wenseleers, T. (2019). A Historical-Genetic Reconstruction of Human Extra-Pair Paternity. Current Biology, 29(23), 4102-4107.e7. https://doi.org/10.1016/j.cub.2019.09.07