Partager les optimismes plutôt que les nouvelles déprimantes sur l’environnement est plus efficace …
Le meilleur moyen d’encourager la protection de la nature n’est pas d’allonger la liste des drames et catastrophes écologiques en cours ou à venir mais de partager les « success stories » dit Nancy Knowlton dans Nature ici. Sans nier ce qui se passe d’inquiétant, ni tomber dans le déni bien sûr, et encore moins rejoindre les climato-sceptiques, elle montre que c’est simplement plus efficace pour protéger les écosystpmes de mettre en évidence les interventions réussies, les cas où la protection a été efficace. Elle montre comment la discussion des cas de protection réussies ont eu plus d’effet que l’approche classique dans ses cours d’écologie marine qu’elle résume à une oraison funèbre bien étayée pour la mer…
Once upon a time, a career as a marine biologist conjured images of days spent diving amid beautiful sea creatures. These days, it can often feel like being an undertaker for the oceans. Nancy Knowlton (Sant Chair for Marine Science at the Smithsonian’s National Museum of Natural History and co-host of the Earth Optimism Summit in Washington DC.) (Les membres Expériment@l-Tremplins peuvent obtenir ces articles…)
« Doom and gloom » : la sinistrose ne sauvera pas le monde.
Alors que les médias nous inondent de mauvaises nouvelles et que beaucoup d’enseignants s’impliquent pour l’environnement en rendant les élèves attentifs aux effets délétères sur l’environnement et le climat de l’action humaine, il est bien difficile de trouver un seul exemple de réussite dans la préservation ou la récupération d’un monde que nous serions heureux de léguer à nos descendants.
Culpabiliser est contre-productif
Pourtant ces exemples existent et il serait plus efficace de les mettre en évidence que d’allonger la liste culpabilisante assénée aux élèves. La romancière Ana Gavalda illustre de manière très colorée ce que les jeunes pourraient ressentir :
« …à qui l’on a répété depuis qu’il est en âge de jeter ses papiers de bonbons à la poubelle que la nature souffre par sa faute, que les forêts disparaissent dans l’huile de palme de ses petits pains au chocolat, que la banquise fond quand sa maman démarre le moteur de leur voiture, que les animaux sauvages sont tous en train de crever et que s’il ne referme pas le robinet à chaque fois qu’il se brosse les dents, eh bien, tout ça sera en partie à cause de lui. […] un élève curieux et conciliant que ses manuels d’histoire ont fini par décourager d’être né blanc, cupide, colonisateur, lâche, délateur et complice tandis que ceux de géographie ne cessaient – année après année – de lui rabâcher les chiffres alarmants de la surpopulation mondiale, de l’industrialisation, de la désertification, de la pénurie d’air, d’eau, d’énergies fossiles et de terres arables. »
Gavalda, Ana (2014). La vie en mieux, Le dilettante, p. 167-168
Des exemples positifs existent
Pourtant ces exemples existent ! S’ils sont difficile à trouver c’est que pour les médias – dans notre monde angoissé – les mauvaises nouvelles font plus d’audimat ou de buzz que les bonnes. « Bad news is good news ; Good news is bad news ! ».
Pourtant des sites existent et des fils Twitter #OceanOptimism #EarthOptimism proposent de nombreux exemples de succès !
Nancy Knowlton dans son article d’opinion publié par Nature donne un exemple de succès méconnu : la récupération des plantes aquatiques dans la Tampa Bay, en Floride à ses niveaux des années 1950 : un succès obtenu en réduisant les influx d’eaux usées riches en engrais. D’autres exemples comme la remontée des stocks d’un mollusque comestible (Concholepas concholepas ), un poulpe de Madagascar, et des poissons des philippines qui vont mieux grâce à l’établissement de pêcheries de taille réduite, à gestion locale et durable.
Par exemple Torgovnick May, Kate (2016) montre que 13% des océans ont vu une diminution de l’impact humain entre 2008 et 2013. (ici (Les membres Expériment@l-Tremplins peuvent obtenir ces articles…) ), et que la couverture des glaces augmente aussi par endroits.
Les glaces augmentent aussi par endroits Fig 3: [img]. Source :Torgovnick May, Kate (2016)
Nancy Knowlton souligne combien d’étudiants ont été dynamisés par ce message d’optimisme, alors qu’ils avaient failli quitter leurs études parce que les cours étaient démoralisant
Elle insiste qu’il ne s’agit pas de nier ou même minimiser le blanchissement catastrophisme de la grande barrière de corail : les problèmes subsistent et sont énormes, décourageants, même !
Elle conclut en disant qu’il faut donc aussi mettre en valeur les réussites : les espèces sauvées de l’extinction, les environnements terrestres protégés ou revitalisés, et la prise en compte de la durabilité dans les décisions des grandes entreprises. Sans cacher les difficultés et limites de ces cas, elle défend l’idée qu’il est important d’en analyser en détail les étapes et les pièges pour construire d’autres succès et améliorer ces processus.
Fig 4: Les progrès présentés à un sommet sur la protection de la nature [img]. Source : Source : ocean-optimism
Fig 5 : Quatre manières d’inciter les gens à se soucier des océans [img]. Source : Source : ocean-optimism
Faut-il traiter ces questions controversées : « j’enseigne la science, pas la politique «
Clairement la loi oblige à traiter ces questions d’environnement : Bien plus la LIP article 10E oblige à « rendre chaque élève progressivement conscient de son appartenance au monde qui l’entoure, en éveillant en lui […] l’attachement aux objectifs du développement durable; »
On peut percevoir cette injonction comme une tension entre a) une forme de militance (éveiller l’adhésion à des valeurs) et b) développer des compétences scientifiques – apprendre à valider les connaissances par un processus partant de données discutées et mises en perspective – et qui tente d’être aussi objectif que possible* .
Si on doit convaincre,… comment être efficace ? La recherche en psychologie sociale montre que quand on est perçu comme cherchant à convaincre, l’interlocuteur met en place des mécanismes de protection, et on est moins efficace ! (Pratkanis, A. R., & Aronson, E. (1992). Si on se lance dans la persuasion, l’article de Knowlton suggère que l’approche la plus fréquente – peindre le diable sur la muraille – n’est peut-être pas la plus efficace.
Les votations de ce week-end qui engagent la Suisse hors du nucléaire produiront-elles une de ces bonnes nouvelles ?
On pourrait citer le protocole de Kyoto qui a eu comme effet que le « trou d’ozone » se comble et … que les médias n’en parlent plus !
J’ai quand même trouvé Hand, E. (2016) dans science. (Les membres Expériment@l-Tremplins peuvent obtenir ces articles…)
* Bien sûr qu’il y a militance dans les lobbys de l’industrie (qu’il ne faut pas confondre avec la recherche académique), autant que chez les militants écologistes, et bien sûr que la réalité des pratiques de certains scientifiques – ils sont humains – est aussi teintés de militance…
Il faut distinguer les pratiques effectives et ce qu’on vise dans l’enseignement des sciences : développement de la pensés scientifique (idéalisée) comme un outil qui permet de comprendre le monde, de l’expliquer, de prédire et contribuer aux décisions.
Constater que les scientifiques sont imparfaits ne justifie pas de laisser nos élèves sans cette compétence fondamentale dans un monde où les « faits alternatifs » semblent avoir autant de poids que les recherches rigoureuses et bien discutées.
Sources :
- Knowlton, N. (2017). Doom and gloom won’t save the world. Nature News, 544(7650), 271. https://doi.org/10.1038/544271a
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Torgovnick May, Kate. (2016), 5 reasons it might be OK to be optimistic about our oceans. (2016, juillet 14). Consulté 18 mai 201, à l’adresse http://ideas.ted.com/5-reasons-it-might-be-ok-to-be-optimistic-about-our-oceans/
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Pratkanis, A. R., & Aronson, E. (1992). The age of propaganda / The everyday use and abuse of persuasion. New York: WH Freeman.
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Hand, E. (2016). Ozone layer on the mend, thanks to chemical ban. Science. https://doi.org/10.1126/science.aaf5821